#0068 Emmanuel Boundzéki DONGALA


Emmanuel Boundzeki Dongala est né en 1941, de père congolais et de mère centrafricaine. Il passe son enfance et son adolescence au Congo, poursuit ses études aux Etats-Unis et en France, avant d'enseigner la chimie à l'université de Brazzaville. Lors du conflit congolais de 1997, il quitte Brazzaville avec sa famille. Grâce au soutien actif de Philip Roth, il trouve refuge aux Etats-Unis. Il est depuis professeur de littérature francophone et de chimie à l'université de Simons Rock (Boston).
DONGALA Emmanuel Boundzéki, Jazz et vin de palme, 1982, Hatier Monde Noir Poche / ReEd. Le Serpent à Plumes Motifs 2000
Dans ce recueil, deux nouvelles "Jazz et vin de palme" et "A love supreme"
Notes: Jazz et vin de palme: "La musique de John Coltrane les jetait dans un état catatonique d'abord, puis dans une sorte de nirvâna […] ce qui permettait ensuite à la musique cosmique de Sun Râ de les volatiliser" (p.122) "Des millions de disques de John Coltrane furent gravés en secret […] On traitait partout Sun Râ en roi et jamais son orchestre solaire n'eut tant de travail" (p.123) "Soudain, de partout, des maisons, de l'intérieur de la Terre, de l'Espace, éclatèrent les sonorités envoûtantes du saxophone de John Coltrane […] Alors Sun Râ mit sa fusée-orchestre en marche […] Sun Râ fut le premier homme musicien de jazz et noir à devenir président des Etats-Unis […] c'est ainsi, enfin, que le jazz conquit le monde […] John Coltrane fut canonisé par le pape sous le nom de Saint Trane. Le premier volet de son œuvre A love supreme remplaça le Gloria dans la messe catholique" (p.124-125).
A love supreme: "Quand j'arrivai de mon Afrique natale, je ne connaissais que vaguement la musique classique d'Armstrong, d'Ellington ou encore de Bessie Smith […] Je trouvais cette musique émouvante parce que nostalgique […] Quand j'avais le cafard, je me plongeais dans l'âme profonde et douloureuse de Billie Holiday ou de Ma Rainey. À l'inverse, je sautillais sur les rythmes gaillards et égrillards de Fats Waller ou de Willie Smith le lion" (p.137-138) "J. C. est mort […] J'essayai de joindre Archie Shepp qui était en France […] j'essayai en dernier ressort de joindre le poète Imamu Baraka, mais il avait quitté Newark" (p.139) "En fait, il (Coltrane) n'était pas inconnu comme il s'était plu à nous le faire croire car il avait gravé un disque avec Ellington, sans compter bien sûr les disques avec Miles et avec beaucoup d'autres grands musiciens classiques tels Johnny Hodges, Theolonius Monk (sic !), etc. Mais, pour lui, cela ne comptait pas, c'était le passé. Pour lui, la musique, comme tout art vivant, ne devait cesser de se dépasser, de se surpasser" (p.144) "petit à petit, faiblement d'abord, enflant, gonflant, surgissant et submergeant tout comme un torrent, le saxophone de J. C. émergea du chorus […] Les sons, les phrases, les harmonies, les passions, les cris s'envolaient de ce saxophone, inépuisables comme une mer en furie" (p.145-146) "J. C. était mort. Nous écoutâmes longtemps les disques que nous possédions de lui, nous sentions plus encore l'amour volcanique, pour ne pas dire cataclysmique, qui s'échappait de l'instrument de cet incroyable musicien" (p.152-153).

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